Points clés du Choc septique
Le choc septique est une urgence thérapeutique, chaque heure compte
Il faut donc capable de le reconnaître, en de faire le diagnostic et trouver son étiologie probable
Ensuite le traitement doit être immédiat
- Antibiotique et évacuation du foyer infecté
- Prise en charge de l’état de choc:
- Remplissage
- Inoconstricteur si choc persistant
- Dobutamine si incompétence myocardique (ScVO2 basse?)
Enfin le traitement symptomatique des défaillances d’organes qui seront d’autant plus graves que les 2 premières étapes seront retardées
Nouveau système de détection des sepsis sevères
qSOFA
Diagnostics différentiels
Agression tissulaire
- Pancréatite
- Infarctus tissulaire (myocarde, pulmonaire)
- Maladie thrombo-embolique
- Erythrodermie
- Hémorragie méningée
- Rejet de greffe
- Chirurgie majeure – traumatisme – hématomes
Métabolique
- Crise hyperthyroidienne
- Insuffisance surrénale aigue
Pathologie inflammatoire
- Maladie de Still de l’adulte, Synd de Clarkson, LED en poussée
- Syndrome catastrophique des APL, PTT
- DRESS syndrome
Effet indésirable d’un traitement
- Réaction à un produit dérivé du sang
- Administration de cytokines (G-CSF, IL2,..)
- Syndrome malin des neuroleptiques et syndromes de
- sevrage
- Hyperthermie maligne associée à l’anesthésie (produits
- halogénés, succinylcholine,..)
Pathologie tumorale
- Cancers solides (du rein,..), lymphomes
- Syndrome de lyse tumorale
Clinique
Atteinte cardiaque
- 40% des états septiques
- Toujours une part d’hypovolémie
- VASOPLEGIE +++
- Débit cardiaque élevé du fait de la tachycardie et de la vasoplégie
- extrémités chaudes et pouls bondissant
- Atteinte cardiaque aiguë précoce et réversible
- extrémités marbrées et froides et pouls faible
- 50% des chocs vont être contrôlés
- Manifestations cardiovasculaires moins évidentes:
- marbrures, malaises, hypotension fugace, oligurie, encéphalopathie
Insuffisance rénale:
- oligurie, élévation de l’urée et de la créatinine
Insuffisance respiratoire aiguë
- œdème pulmonaire lésionnel, ALI, SDRA
- liée au choc
Autres atteintes
- Ictère, cytolyse hépatique
- Thrombopénie, CIVD
- Agitation, confusion
- Élévation du taux de lactates
Évaluation de la gravité
- Choc toujours grave… 25-40 % de mortalité
- Se méfier sepsis «simples»:
- des troubles de conscience isolé, des oliguries, des acidoses inexpliquées pouvant être des signes de choc, des thrombopénies isolées pouvant révéler un sepsis sévère.
- Gravité liée au terrain: Score de Mc Cabe, maladies chroniques
- Gravité liée au site de l’infection et au germe
- Concept P.I.R.O.
- Prédisposition;
- Infection
- Response to infection (inflammatory/antiinflammatory – shock)
- Organ response
Diagnostic étiologique
La préoccupation principale est la recherche d’une infection localisée + bactériémie = examen clinique + examens complémentaires orientés
Terrain:
- Diabète = Staphylocoque
- Splénectomisé = Pneumocoque
Immunodépression
Communautaire ou nosocomial
Porte d’entrée
- Le plus souvent simple: début brutal, poumon, urines, abdomen, méningée
- peau: érythrodermie (TSST), cellulites, purpura nécrotique (Purpura fulminans)
- Si nosocomial: penser cathéters et sondes, pneumonies, site opératoire
Orienter les recherches vers les foyers nécessitant un drainage ou une chirurgie. |
Étiologies:
- 33% pulmonaire, 24% urinaire, 22% digestive
Orientation étiologique en fonction de la nature des signes de gravité
- Insuffisance cardiaque aiguë
- Myocardite, rupture de cordage ou abcès septaux dans les endocardites, péricardites
- Détresse respiratoire aiguë
- neuro-musculaire: tétanos, PRN, méningo-encéphalites
- obstruction des voies aériennes: épiglottites
- Pulmonaire: SDRA, Pneumopathies
- Insuffisance rénale aiguë
- Nécrose tubulaire aiguë ou SHU
- endocardite, foyer infectieux profond, leptospiroses, fièvre hémorragique
- Atteinte neurologique centrale
- bas débit (choc)
- ou encéphalopathie septique (foyer infectieux)
- méningites, méningo-encéphalites
- Accès pernicieux palustre
- Atteinte hématologique
- CIVD: sepsis grave, purpura fulminans
- Thrombopénies: sepsis, hémophagocytoses, etc…
- Hémolyses: MAT: E coli, shigelles, virus
- Hémolysines: septicémies à Clostridium perfringens
- Agglutinines: mycoplasmes, virus
- Parasites: paludisme
- Atteinte hépatique
- choc, hépatite fulminante
- leptospiroses, arboviroses
États septiques non infectieux:
- pancréatite aiguë nécrosante
- brûlures étendues
- polytraumatisme
Examens complémentaires
- Hémocultures
- Mais PL devant tout signe neurologique
- ECBU
- Ponction
- Se méfier des foyers intra-abdominaux:
- écho abdominale: foie, VB, rein
- TDM abdo +++
- Quelques prélèvements immédiats qui ne doivent pas retarder l ’antibiothérapie et le traitement symptomatique
Traitement étiologique d’un choc septique
Traitement de l’infection
Antibiothérapie empirique en urgence dans l’heure
- après prélèvements en urgence
- sans en attendre les résultats
- pari microbiologique: foyer, porte d’entrée, terrain, communautaire, associé aux soins ou nosocomial
Nombre d’ATB, mode, durée ?
- Association adéquate le plus tôt possible
- Désescalade
Source:
- Traitement chirurgical d’un foyer profond ou d’une porte d’entrée
Tableau de l’antibiothérapie en fonction de la pathologie et du germe |
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Pathologie | Germes | Antibiotiques |
Pneumonie communautaire | Pneumocoques, entérobactéries, SDMS | Amoxicilline 1g x 3/j (2g x 3/j si > 80kg) |
Pneumonie d’inhalation | Anaérobies | Amoxicilline clavulanate 1g x 3/j (2g x 3/j si > 80kg) |
Pneumonie nosocomiales | Pyo++, Staphylocoques dorés, entérobactéries (multimicrobiennes) | Cefepime (2g/8-12h) ou Piperacilline Tazocilline (4g/6-8h) + Amikacine (20mg/kg) ou Ciprofloxacine (400mg/8h) |
Endocardites valvulopathies | Streptocoques, entérocoques, Staphylocoques | |
Endocardites valves prothétiques | S. epidermidis | |
Endocardites toxicomanies | S aureus, C albicans, entérobactéries | |
Entérocolites communautaires | Shigelles, salmonelles, E coli | Ofloxacine 200mg/12h po ou Ceftriaxone 1g/j ou Azithromycine 500mg j1 puis 250mg/j |
Entérocolites nosocomiales | Clostridium | |
Péritonites communautaires | E. Coli, anaérobies, entérocoques | Céfotaxime 1g x 3/j (2g x 3/j si > 80kg) + Métronidazole 0,5g x 3/j + Gentamicine 7mg/kg/j allergie c3g : Aztreonam 1g x 3/j (2g x 3/j si > 80kg) + Métronidazole 0,5g x 3/j + gentamicine 7mg/kg/j |
Péritonites nosocomiales | Idem + entérobactéries, pyo,sdmr | Piperacilline Tazocilline 200mg/kg/j et Amikacine 25mg/kg/j (antifongique et/ou anti cg + a discuter si formes graves) |
Voies biliaires | E coli, entérocoques | Ceftriaxone 2g/j + Métronidazole 0,5g/8h iv ou Amoxicilline Clavulanate 1g x 3/j (2g x 3/j si > 80kg + Gentamycine 5mg/kg allergie : Ofloxacine (200×3) + Métronidazole + Gentamicine 7mg/kg/j iv |
Voies urinaires | E coli, proteus, entérocoques | Cefotaxime 2g/8h iv + Amikacine 25mg/kg/j si allergie c3g : Aztreonam 2g/8h + Amikacine |
Voies urinaires post cathétérisme | Entérobactéries, pyo, entérocoques | |
Génitales post cathétérisme | Entérobactéries, pyo, entérocoques | |
Génitales post-partum, post-abortum | E coli, strepto, anaérobies | |
Génitales salpingite | Gonocoques | Ceftriaxone 1g/j et Métronidazole 0,5g/12h et Doxycycline 100mg/12h |
Peau cellulites | Streptocoques, S. Aureus | (Amoxicilline Clavulanate 4-6g/j ou Piperacilline Tazocilline 200mg/kg/j |
Peau gangrène gazeuse | C. Perfringens | (Amoxicilline Clavulanate 60-100mg/kg/j) ou (Piperacilline tazocilline 200mg/kg/j si abdomino-perineale) ou (Cefotaxime 60-100mg/kg/j et Métronidazole 0,5g/8h) ± Gentamicine 7mg/kg/j |
Peau cellulites pelviennes | Entérobactéries, anaérobies | (amoxicilline clavulanate 4-6g/j ou pipera./tazocilline 200mg/kg/jet Clindamycine 600mg/8h et Gentamicine 7mg/kg/j |
Ostéites | S. Aureus | (Cloxacilline 100mg/kg/j iv et Gentamicine 5mg/kg/j iv) ou (Cefotaxime 100mg/kg/j en 3 prises iv) |
Traitement symptomatique d’un choc septique
Améliorer la perfusion tissulaire en O2
- O2 haut débit à 6l/min
Expansion volémique: Solutés de remplissage
- Pour commencer, remplissage vasculaire par cristalloïdes (NaCl: 30ml/kg):
- objectif PAM > 65 mmHg
Cependant tous les produits utilisés pour rétablir la volémie, (même les cristalloïdes non balancés), ont des effets secondaires.
Cinq problèmes:
- transmission infectieuse (PFC…)
- coût: la volémie, exprimé
- Anaphylaxie: tous les colloïdes
- Troubles de l’hémostase: dextrans, HEA
- Insuffisance rénale, Insuffisance hépatique (HEA)
Place de l’Albumine
- Chez les brûlés relais dès la 8ème heure par l’Albumine à 4%
- Grossesse
- Allergie aux colloïdes
- Cirrhotique
- Protidémie<35g/l ou Albuminémie < 18g/l
- Pas de bénéfice d’une administration massive précoce (Etude EARSS – Mira et al 2013)
Amines vasopressives
Drogues vasoactives et inotropes (monitoring)
D’abord la Noradrénaline à 5 μg/kg/min
- augmenter par paliers successifs de 5 μg en fonction de la réponse clinique
Méconnaître une participation cardiaque?
Niveau de remplissage?
Place potentiel de la vasopressine à petites doses?
Ne plus utiliser la dopamine (De Backer et al – NEJM 2008)
Place du Dobutrex ?
- Systématique ? Microcirculations …
- Atteinte cardiaque ?
- Sevrage ?
- le pôle digestif ?
Traitement de la détresse multi viscérale (DMV)
D’abord discuter une ventilation Mécanique car un choc septique: consommation oxygène
- ALI / ARDS: ventilation à la mode
- PEEP élevée, Volumes bas, Hypercapnie
- Posturage, DV, NO
- HFO, VLP, ECMO
Ensuite en cas d’insuffisance rénale
- Dialyse conventionnelle/CVVHD
- Quand débuter?
- Diurétiques
Mais aussi contrôler les anomalies de l’hémostase, CIVD et thrombopénie
- Transfusions
En outre parfaire l’équilibre glycémique
Stéroïdes
- efficace sur les formes les plus sévères
- diminue les dysfonctions d’organes
- Rôle potentiel dans l’augmentation des infections IIre et de l’hyperglycemie…
Enfin de nouvelle voies sont à l’étude par le biais des Inhibiteurs de la coagulation:
- Proteine C activée (retirée du marché)
- ATIII?, TFPI? (etudes negatives)
- Anti-endotoxines?
- Anti-TLR4? (études négatives)
Conclusion
Les priorités de la prise en charge d’un Choc septique
- Antibiothérapie dans l’heure
- Remplissage par cristalloïdes
- Drogues vasoactives et inotropes (monitoring)
- Traitement des défaillances d’organes
Prise en charge d’un patient présentant un choc septique dans un service d’urgences
- En premier lieu déshabiller et examiner le patient afin de visualiser correctement l’intensité des marbrures et l’existence de tâches purpuriques
- Mettre en place une surveillance scopique, un saturomètre et une pression artérielle non invasive ;
- Démarrer une oxygénothérapie à haut débit (> 6 L/min) sauf en cas d’insuffisance respiratoire chronique
- Mettre en place 2 voies veineuses périphériques (une pour le remplissage, l’autre pour l’utilisation éventuelle d’une drogue vasoactive)
- Ensuite débuter le remplissage vasculaire (1er flacon)
- Pratiquer ECG, radiographie pulmonaire
- Réaliser des hémocultures et un bilan infectieux en fonction de la porte d’entrée (ECBU,
- Ponction pleurale, ponction d’ascite, PL, etc.)
- Faire un bilan biologique à la recherche d’une :
- hypoxémie (GDS)
- acidose métabolique (GDS) et d’une hyperlactatémie
- CIVD (NF, coagulation)
- insuffisance rénale aiguë (ionogramme)
- une inflammation (CRP, PCT)
- Mettre en place un sondage urinaire pour surveillance de la diurèse
- Poursuivre le remplissage vasculaire (2e flacon), en cas d’hypotension artérielle persistante malgré le remplissage initial
- Si nécessité de drogues vasoactives, commencer par dopamine à 5 μg/kg/min, que l’on augmentera par paliers successifs de 5 μg en fonction de la réponse clinique
- Par ailleurs administrer un traitement antibiotique précoce
- Pour conclure appeler le réanimateur